In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
Is it solipsistic in here, or is it just me?

mardi 27 juin 2017

De quelle nature est cette pluie qui distribue le vieil amour ...?

mardi 4 septembre 2012

Là-bas si j'y suis


Je vivais comme un prince. J'ai bu au creux des mains le don fastueux des sources, et je me lavais de la clarté des astres tus...
Les troupeaux qui montaient des Aldudes foulaient, sous l'âpre rhétorique des sonnailles, le chaos silencieux d'anciennes avalanches ; tandis que moi, vertueux et vain comme un prince Sévarambe, je n'avais qu'à contempler le ciel à l'aplomb de mon front sans couronne. Prier n'était que ça...

Bientôt, vêtu de mes saintes frusques, par les rues éblouissantes et les terrasses où flottent les lessives, je redescendrai vers le bleu du ciel et de la mer.

Où irais-je sinon ?

lundi 22 août 2011

La garde du jardin

Accorde-moi,

avec les ruches
et le cône des pots renversés
sur le sommeil du lézard, avec les serpes,
les faux,

et le souffre répandu...

Accorde-moi,

avec le carmin
perdu des pivoines et l'abrupte descente vers l'eau,
et le X
fuligineux des poutres dans la ruine, accorde-moi
la garde du jardin.

mardi 12 juillet 2011

Si le chemin bifurque


Si le chemin bifurque ce n'est pas
pour scinder en deux le rêve
du marcheur.

L'un va vers cette ferme incendiée
où l'autan traverse les cages à maïs,
l'autre entoure une eau verte
d'un geste de pharaon.

Si le chemin bifurque ce n'est pas
pour que se dédouble la douleur
du départ.

L'un va vers un sec Golgotha,
l'autre, après un détour inouï,
revient.

Si le chemin bifurque ce n'est pas
pour rompre l'alliance.

Ainsi la tige du rosier bifurque pour la rose. 

samedi 20 novembre 2010

Ajoute les feuilles qui brûlent



Y'a le grincement de la balançoire,
les pommes qui tombent
dans l'herbe détrempée...


Ô murmure de Saturne, idiote comptine!


Un râteau rouille sous l'hortensia.
Ajoute les feuilles qui brûlent, le fer ébréché
d'un soc, l'odeur du sulfate
de cuivre qui d'un sac en papier se répand.

Les bêches dans la citerne sonnent
comme au fond des mers le trident
de Neptune furieux.

Croire la grinçante comptine, ou le bleu
trompeur de l'hortensia, celui plus
vénéneux du cuivre, ou le bleu

si bleu

du soir quand on rentre?

mardi 5 janvier 2010

Zurbaran


Où l'on prie les flocons s'engouffrent.

Ils recouvrent le pain. Plats d'étain, poires
vertes, nappes désertes, fours irradiant
sous la neige, qui depuis deux nuits tombe...

Choses ici,
pour que Zurbaran les peigne. Pots vides
où la chrysalide se terre, et patiente.
Citronnier
qu'abime une lourde neige, et le pas
d'un amour inhumain qui rôde.

mercredi 11 novembre 2009

Tandis qu'il neige

Hautes
étaient les grilles en ce temps là,
et dans l'abécédaire les lettres ardentes!

À la craie dans la cour, les enfants
traçaient des marelles,
et, de case en case, filaient
vers le ciel.

Chaque voyelle fournissait sa paille à l'enfer.
La moindre élégie croulait
en boulets du meilleur charbon, et,
contre la brique des cheminées,
les flocons fondaient vite.

Vous, vous buviez sec
le brandy sauvé des naufrages,
et,
tandis qu'il neige,
regardant à travers les verrières débouler les nuages,
vous assumiez confiants
l'opacité des mots

qui nous menacent ici de leur transparence.